Alors
que l'on faisait les premiers tests dans le studio maison de Dj Pfreud,
on s'est vite aperçu que la toile, branchée et montée sur le nouveau
chevalet, se transformait en véritable instrument de percussion. Dj
Pfreud captait les sons, les coups et les mouvements, puis les modelait
pour leur donner encore plus de profondeur.
Au
bout de la première ronde, j'ai dû lui demander si c'était uniquement
les sons captés qui formaient toute cette rythmique digne des meilleurs
"beat box". Je suis sidéré par le potentiel de cette technique. J'avais
déjà pressenti les possibilités en faisant mes propres tests, mais là,
je sens que l'on ne voit que la pointe de l'iceberg.
Plus
la soirée avançait, plus les boucles et échantillonnages formaient des
"rythmes" complexes et intéressants. On était comme deux gamins qui
découvrent un nouveau jeu. "Et si on faisait ça? Ok on essaie ça aussi! Attends, attends, j'ai une idée!!.."
Bon,
il est vrai que pour Dj Pfreud, c'est une sacrée job de gérer en direct
toute cette information numérique, de la séquencer, de la filtrer, de
la modeler, etc. On s'est dit alors qu'on aurait peut-être besoin
d'autres fous comme nous pour nous aider dans ce projet.
Mais, résultat de cette première soirée : ça marche!
Les
premiers tests sont surprenants. Je ne m'attendais pas à grand-chose en
branchant les premiers micro-capteurs derrière la toile. Il n'y avait
ni ordinateur, ni synthétiseur, ni séquenceur, ni modulateur,
(alouette!). Simplement quelques micro-capteurs entrés dans une console
et des écouteurs. C'est tout!
Mais le simple fait de jouer avec
l'assignation de chaque micro sur la plage stéréo et le passage du
pinceau sec frottant la surface rêche de la toile a immédiatement généré
un son étrange et puissant, sorte de microscope sonore observant de la
surface de lin. Chaque mini aspérité y était magnifiée. J'ai pu créer
des sons de machine en y ajoutant des mouvements syncopés et percussifs.
Je
vais devoir penser autant en tant que peintre qu'en tant que
percussionniste. Je ne sais pas jusqu'où je devrais "jouer" ma peinture
ou simplement initier des sons et des formes qui seront reprit en
séquences par DJ Pfreud. Il m'a avoué que de gérer le tout en direct
serait un sacré défi. Mais toute l'expérience est un défi et une
inconnue totale tant qu'on n'a pas plongé en se lançant dans une
première performance.
Le
nouveau chevalet est terminé et déjà branché. Premiers tests. Ça
marche! Et tellement bien, qu'il n'est plus nécessaire de mettre les
capteurs directement sur la surface arrière de la toile! Du fait que la
toile soit isolée du chevalet et maintenue fermement sur les coussins de
caoutchouc, le faux cadre transmet parfaitement les impulsions du
pinceau aux capteurs. Il s'agit aussi de la qualité et la sensibilité de
ces deux nouveaux capteurs, qui permettent de capter les moindres
détails percussifs.
J'ai très hâte de commencer les tests avec DJ Pfreud. J'ai hâte de voir comment on va réagir et interagir ensemble.
Mais
il est clair pour moi qu'il ne s'agira pas de peinture comme je la
connais. Loin de là. La rythmique devient un élément capital. Je vais
donc devoir "jouer" de la peinture!
Le
montage est finalisé, la quincaillerie exulte! La phase électro s'en
vient. Et c'est là que l'on va voir si cela fonctionne vraiment.
Mais
je dois avoué que j'ai fait le contraire du design conceptualisé : ce
fut un "work in progress". ça ne me tentait pas vraiment de complètement
dessiner et coter par mesures un plan précis. J'avais plus besoin de
toucher la matière, se tester avec les matériaux et d'échafauder des
concepts selon les pièces que je trouvais. Je suis parti de morceau de
bois, que bribes de quincaillerie et hop, j'ai commencé à couper et
percer. Mais le but était de ne pas se tromper. Une impro sans erreur
possible, car je ne voulais ni perdre de bois, ni percer pour rien.
Alors
ça ma pris peut-être un peu plus de temps car j'ai progressivement
visualisé les étapes suivantes et optimisé le concept. Je ne dis pas que
si je recommençais je modifiais quelques détails, mais dans l'ensemble,
il serait sensiblement le même.
Bon.
Le but de l’exercice est de se dépasser. Il y a la démarche. Il y a la
technique. Mais avant tout c’est de vouloir essayer de nouveaux trucs,
de s’éclater à expérimenter et à innover.
Sitôt la recherche de ce
projet amorcée, on y a vu un potentiel de versions possibles : en duo
d’artistes, tel un face à face créatif, en quatuor, avec un alchimiste
rythmique et créateur vidéaste, ou même avec plus d’artistes
interactifs… Pourquoi pas? On pourrait « grossir l’affaire ».
Mais bon, on va commencer par la base : le duo interactif. Ce qui va déjà nous donner assez de fil à retordre.
J’ai
l’impression d’avoir amassé les pièces d’un meuble Ikea. D’un côté du
bois, de l’autre de la quincaillerie dans des petits sacs. Sauf qu’ici,
pas de plan dessiné simple à suivre. Le plan est dans ma tête.
L’ensemble et les détails ont été mûrement visualisés.
Il ne restait que l’étape de la confrontation des matériaux. Durant près de deux heures chez Rona-Réno ou Chépluquois,
j’ai mis en réel ma vision virtuelle. Chaque pièce est évaluée et le
concept évolue et se modifie sensiblement car je découvre des pièces qui
sont plus adaptées au projet.
J’ai hâte de commencer l’assemblage. Ce chevalet va être un outil sur mesure parfait pour le projet Électro-Acrylique!
Ça y est! Premier contact avec Frédéric Laurier alias DJ Pfreud.
Fred est un designer sonore. Il conçoit et réalise des trames et des
univers sonores pour des films, des émissions et des publicités pour le Boogie Studio, à Montréal.
«
Depuis plus de 8 ans, Frédéric est concepteur sonore et mixeur tant
dans le domaine de la pub que celui de la télévision et du cinéma. On
notera au passage son travail sur les films "Grande Ourse - La clé des
possibles" et Nitro.
Comparé à un canif suisse, il est reconnu
par sa grande aptitude à sculpter les sons d'une façon très originale
et détaillée. Il est aussi reconnu pour sa grande aptitude à la
recherche musicale. Ce qui s'explique par le fait qu'il est DJ à ses
heures depuis une quinzaine d'années. » Source Boogie Studio
Le
projet l’intéresse vraiment. Le défi est de taille. Mais sa curiosité
et son esprit créatif sont clairement stimulés par ce projet.
Il
va faire quelques tests de logiciels et d’échantillonnages, de son côté.
De mon côté, je continue mes propres tests de prise de son et de
mouvements.
Puis nous commencerons les "Jams" exploratoires!
Notre
première rencontre s’est vite transformée en « Brainstorm ». Tellement
d’idées ont surgit, qu’il va falloir fonctionner étape par étape et
valider chaque progression vers ce qu’on pourrait appeler une sorte
d’improvisation contrôlée, afin de définir notre niveau de
communication, notre « langage » interactif.
Le défi
est technologique aussi. Dans un premier temps, nous nous contenterons
de canaux stéréos afin de transmettre les impulsions de la toile vers
ses machines. Plus tard, nous assignerons certains capteurs à des canaux
spécifiques, afin de contrôler certaines zones sonores ou séquences
préenregistrées. Les possibilités sont légion et il n’en tient qu’à nous
de les exploiter adéquatement.
Nous avons parlé aussi
du fait que d’autres collaborateurs pourraient se joindre à nous, tels
qu’un vidéaste qui pourrait faire de l’édition vidéo en direct afin
d’augmenter l’aspect visuel de la performance. Un autre « bidouilleur »
électronique pourrait aussi prendre part au spectacle pour s’occuper par
exemple, spécifiquement des rythmes ou des enveloppes.
Je dois maintenant m’atteler à construire un chevalet spécialement conçu pour les performances du projet Électro-Acrylique.
Il ne s’agit plus simplement de soutenir une toile. Il faut la
maintenir fermement, assez solidement pour absorber les coups
percussifs. Et surtout faire en sorte que la toile vibre, mais pas le
chevalet. Il faut isoler la toile de son support. Le chevalet doit aussi
être hyper-stable. Bref c’est un projet en soi, un défi de design très
intéressant.
Le bois est de mise pour ce projet. Le chêne ou le
pin? Le pin absorbera mieux les vibrations, mais le chêne sera plus
rigide et solide. Oh, et puis il y aura peut-être plusieurs versions de
ce chevalet. Commençons par le 1.0 : en pin.
Jusqu'à
présent, pour les performances, j'ai utilisé un chevalet ancestral qui
me venait d'une famille amie de ma famille... tous des peintres! C'est
un monstre gigantesque, massif et magnifique que j'ai restauré et
solidifié pour mes besoins. Il est fantastique en spectacle. Seul hic :
il ne rentre pas dans mon atelier actuel!! Et il est si imposant qu'il
n'est pas facile à transporter. Le bois, de très bonne qualité, est
séché avec les années et étrangement, ce chevalet n'est pas si pesant.
Mais un successeur s'impose, répondant au défi technologique du projet Électro-Acrylique.
Il
faut donc que son successeur en soit digne! Car j'ai le plus grand
respect pour ce vénérable chevalet qui a traversé le temps sur plusieurs
générations tout en restant debout et fier.
Le
successeur devra être "pliable" autant que possible, sans faiblir sur sa
stabilité et sa rigidité. Ou peut-être même montable et démontable en
quelques "clics and snaps".
L’incroyable collaboration d’un DJ avec un peintre Publié le août 27th, 2015 |
par Aken pour djtuto magazine
Électro-Acrylique
est un projet fou né il y a deux ans dans la tête du peintre
Montréalais Alec Stephani. L’idée ? Transformer ses coups de peinture en
musique, peindre devant un public et générer de la musique électronique
en live. Lorsqu’il en parle à Fréderic Laurier, alias Pfreud, un DJ
renommé de Montréal, celui-ci embarque presque aussitôt. Après qu’ils
aient joué au prestigieux festival de musique électronique AIM cette
année, j’ai proposé à Pfreud de nous en dire plus sur leur
démarche multidisciplinaire unique. Comment on transforme de la peinture
en musique ? Est-ce que ça groove ? En exclusivité pour Djtuto.fr,
l’artiste nous dévoile les coulisses du projet : le concept, les
méthodes, les contrôleurs, les plugins, tout ! ...lire la suite
DEVISE Magazine - BERLIN http://devisemagazine.com/on-the-record-projet-electro-acrylique
Projet Électro-Acrylique
is an art and music project conceived by two artists living in Montreal
– Frédéric Laurier and Alec Stephani. The two performed a few months
ago at the 15th anniversary of Mutek and Elektra for EM15,
two festivals organized for the promotion and combination of electronic
music, digital arts, and technological innovation in Montreal. During a
live performance by Projet Électro-Acrylique, Alec paints and uses
charcoal to draw abstract art on a custom made canvas that has multiple
contact microphones sitting behind it allowing any friction, movement,
or stroke to be recorded at the smallest dynamic level. As each stroke
of crayon or brush is recorded, Frédéric, a sound designer, transforms
the vibrations of Alec’s brush and crayon strokes into dark, weird, and
beautiful techno-based sounds. I had the opportunity to discuss the
project through a Q&A session with them. Lire la suite...
____________________________________________ PEA : correspondance entre peinture et musique électronique
Comme le suggère son qualificatif, le PEA (projet électro-acrylique)
propose une forme de musique électro-acoustique, qui prend sa source
sonore des gestes de peindre, de façon improvisée. Tel un musicien de la
toile, l’artiste multidisciplinaire Alec a développé avec le DJ Pfreud,
également concepteur et réalisateur sonore pour la télé et la
publicité, l’ambitieux projet de produire de la musique à partir de sons
sur une toile. Lire la suite...
____________________________________________ EM15: Le futur est maintenant!
[...] Projet d’improvisation picturale et sonore qui consiste à la fusion de
la peinture en direct sur canevas par Alec Stephani, relié à des modules
d’effets sonores par des capteurs derrière la toile, sensibles aux
sons, frottements et coups émis par les pinceaux, le tout manœuvré en
direct par Pfreud. Un projet d’un très beau potentiel artistique et de
créations qui diffèrent à chaque prestation. [...]
[...] And on Thursday night, Montreal’s phenomenally creative and talented
duo Frédéric Laurier and Alec Stephani performed their captivating Projet Électro-Acrylique.
As Stephani took crayon and paint to canvas with a performative flair
that turned his tools into instruments, every motion and sound was
amplified and digitally manipulated by sound designer and musician
Laurier, as visual echoes of Stephani’s silhouette were projected onto
the screen behind him. The final result was a complete melding of a live
painting session and an audio-visual immersion. Truly inspirational (follow them on Facebook to catch the next performance). [...]
Qui aurait cru qu'un jour, la création d'une peinture soit le point de
départ d'une trame sonore de musique électronique. C'est précisément ce
que le projet électro-acrylique propose.
«L'objectif de ce projet c'est de faire rencontrer le low-tech, la peinture, avec le high-tech, la technologie, et de voir comment un peut influencer l'autre», explique l'artiste-peintre Alec Stephani. Lire la suite...
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« PEA Projet Electro-Acrylique » Quand la note devient trait, quand le trait devient note…
Le DJ : DJ Pfreud
Depuis maintenant près de 20 ans, DJ Pfreud est actif en tant que DJ dans la scène de musique électronique à Montréal. Pfreud se démarque par
sa versatilité et son habilité technique ce qui lui permet de mixer
avec aisance les nouvelles sonorités avec des sons plus classiques.
Lors des dernières années, il a approfondi son savoir en suivant un
cours d’enregistrement et de manipulation sonore pour ensuite travailler
en post-production sonore dans le domaine de la télé et du film.
Maintenant, il se concentre sur la production musicale et la conception
sonore. Puis évidemment, la flamme DJ reste.
Tout dernièrement, il a fait paraître 3 pièces musicales originales sur une étiquette anglaise (Gung-Ho! Records).
Le peintre : Alec
Né à Genève, fils de la peintre Ceska, Alec est multidisciplinaire, un touche-à-tout du visuel et du formel. La peinture est son mode d’expression le plus exploratoire et le plus libérateur.
Arrivé à Montréal en 89, Alec s’est plongé dans divers projets de design industriel, dont il a tiré un goût pour la mécanique et les machines. C’est durant cette période qu’il s’est mis à peindre plus intensivement. Depuis qu’il a 13 ans, Alec a été claviériste au sein de plusieurs formations à Genève et à Montréal. Il est également compositeur. Dans la vie de tous les jours, Alec est idéateur, directeur artistique, rédacteur, auteur, chroniqueur, styliste et designer.
Ensemble ils ont créé le projet « PEA Projet Electo-Acrylique », comme deux gamins qui découvrent un nouveau jeu…
Leur démarche « Nous avançons inexorablement dans un monde “Hi-tech” pour, en grande partie, de bonnes raisons. Parallèlement à cela, il y a un mouvement, une conscience, une réaction, un désir de retour vers une approche plus “Low-tech” de notre environnement et de notre quotidien.
Le “Hi-tech” et le “Low-tech” sont-ils de deux façons d’appréhender
notre manière de vivre? Faut-il choisir son camp? Faut-il d’ailleurs
inéluctablement compartimenter nos modes de fonctionnement, classifier
et étiqueter ce que nous sommes selon ce que nous employons comme forme
de fonctionnement? »
Il s’agit donc d’une performance de création picturale et sonore en
direct dans une osmose artistique. Une oeuvre globale se forgeant par
l’interaction de deux médiums inter-reliés physiquement par des capteurs
et des récepteurs. Le musicien devient instrumentiste visuel. Le
peintre devient percussionniste pictural.
C’est une sorte de métissage artistique basé sur l’interactivité de
deux formes d’art complètement différentes de prime abord, mais qui sont
fondamentalement jumelles dans leur processus créatif. La musique, tout
comme la peinture, se travaille par couches successives et par la mise
en place dans un espace d’éléments distincts qui forment un ensemble
dans une recherche constante d’équilibre.
Dans le cadre de cette performance, il y a une part d’inconnu tant sur
le fond que la forme. L’empirisme même de l’expérience peut générer des
surprises, autant du point de vue du peintre que du musicien. Ici, les
deux artistes doivent se laisser aller et se libérer de leurs réflexes
créatifs. Le résultat est la recherche constante d’équilibre.
[...] Le Projet Électro-Acrylique ne fait pas que rajouter à la trame sonore
foisonnante de l’événement de MUTEK dans le cadre de la Nuit blanche
2014, mais contribue aussi à son environnement visuel, alors que le
musicien [Pfreud] collabore avec Alec, artiste multidisciplinaire qui peint en
direct, et dont les coups de pinceau sont intégrés à la trame sonore via
des micros contact, élaborant un tableau dont l’habile composition de
notes altérées promet d’être saisissante. [...]
— Mutek 15x15, 1er mars 2014
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Le projet électro-acrylique, de la musique sur toile
Quoi
de plus normal pour un artiste multidisciplinaire que de vouloir faire
le pont entre plusieurs formes d’expression ? Quoi de plus étonnant que
les formes d’expression choisies soient la musique et la peinture ?
C’est justement ce qui surprend dans le projet électro-acrylique.
Il s’agit essentiellement d’une rencontre, d’une conversation, sur
scène, entre le peintre Alec Stephani et le designer sonore DJ Pfreud qui
allie musique et peinture. La musique est en quelque sorte créée par le
bruit du pinceau sur la toile qui devient un instrument. Il s’agit de
placer des capteurs sonores sur la toile et les sons ainsi recueillis
sont transformés, changés, amplifiés, malaxés, synthétisés et
réalimentés au peintre qui y répond par d’autres mouvements, d’autres
coups de pinceau et la conversation picturo-musicale
s’engage.Il a fallu un an pour trouver les instruments électroniques
adéquats et pour en arriver à créer une méthode de communication entre
les deux artistes sur scène puisque rien du genre n’avait jamais été
tenté. « Des musiciens sur scène arrivent à communiquer entre eux de
façon non verbale en suivant des paramètres très connus. Il fallait
qu’on développe une méthode pour savoir comment communiquer et que cela
donne quelque chose de cohérent parce que cela aurait pu être un
désastre total. Alec Stephani et DJ Pfreud ont déjà donné quelques
représentations de cette conversation picturo-musicale avec un
certain succès semble-t-il. À le regarder et à l’écouter, on a vraiment
l’impression qu’Alec Stephani est une véritable machine à créer.
Jusqu’où ira-t-il ? L’inspiration lui fera-t-elle défaut un jour ? Pas
certain ! En cours d’entrevue, sans que la question ne lui soit
directement posée, il a dit « Ce qui me motive dans la création, c’est
toujours se dire....et si... et si on allait plus loin et si c’était
possible. »
Né à Genève, fils de la peintre Ceska, Alec est multidisciplinaire, un touche-à-tout du visuel et du formel. La peinture est son mode d'expression le plus exploratoire et le plus libérateur. Cette dimension artistique a progressivement influencé tous ses autres secteurs de création.
Ayant fait ses études aux Arts Décoratifs de Genève, il a entrepris une carrière de graphiste publiciste.
Arrivé à Montréal en 89, Alec s’est plongé dans divers projets de design industriel, dont il a tiré un goût pour la mécanique et les machines. C’est durant cette période qu’il s’est mis à peindre plus intensivement.
Depuis qu'il a 13 ans, Alec a été claviériste au sein de plusieurs formations à Genève et à Montréal. Il est également compositeur. soundcloud.com/alec-stephani
Dans la vie de tous les jours, Alec est idéateur, directeur artistique, rédacteur, auteur, chroniqueur, styliste et designer.
Depuis maintenant près de 20 ans, DJ Pfreud est actif en tant que DJ dans la scène de musique électronique à Montréal. Tout a débute au début des années 90 à la radio-étudiante du CEGEP St-Laurent lorsqu’il fonde la première émission ayant un contenu de musique électronique dans cet établissement. Ensuite, de 1995 à 2000, Pfreud est en demande constante et participe à de nombreux événements underground pour ensuite se tailler une place enviable comme DJ résident dans certains clubs de renom comme le Sona, le Red-Lite et le High-Bar. Sa passion pour la musique l’emmène à œuvrer comme acheteur et conseiller musical dans des boutiques spécialisées de musique électronique pour DJs et aussi plus avant-garde (Tabou disques et DNA records). Inutile de mentionner qu’il découvre plein de nouvelles tendances musicales tout en gonflant sa collection personnelle pour ainsi partager avec son publique.
Pfreud se démarque par sa versatilité et son habilité technique ce qui lui permet de mixer avec aisance les nouvelles sonorités avec des sons plus classiques.
En 2001, la compilation mixée par DJ Pfreud « A yachting love story » est en vente partout au Canada sur l’étiquette Trigger records, une licence de Warner Music Canada mais pas pour longtemps parce qu’elle est « sold-out » peu après sa tournée Européenne.
Lors des dernières années, il approfondit son savoir en suivant un cours d’enregistrement et de manipulation sonore pour ensuite travailler en post-production sonore dans le domaine de la télé et du film. Maintenant, il se concentre sur la production musicale et la conception sonore. Puis évidemment, la flamme DJ reste. On peut l'entendre tous les vendredis au Laika pour l'apéro. Bonne façon de commencer le week-end !!
Performance multi-médium. Un peintre, un musicien, une osmose visuelle et sonore. "Le coup de pinceau a un son. Le son a une forme. La forme a une image."
Performance :
C'est une performance de création picturale et sonore en direct dans une
osmose artistique complète. Une oeuvre globale se forgeant par
l'interaction de deux médiums inter-reliés physiquement par des capteurs
et des récepteurs.
Démarche :
Observation de la rencontre et de l'interaction possible du "High-tech" et du "Low-tech"Le "High-tech" est ici évidemment représenté par l'électro-acoustique. Le "Low-tech", ce sont les pinceaux et la toile de lin.
Nous
avançons inexorablement dans un monde "High-tech" pour, en grande
partie, de bonnes raisons. Parallèlement à cela, il y a un mouvement,
une conscience, une réaction, un désir de retour vers une approche plus
"Low-tech" de notre environnement et de notre quotidien. Le "High-tech"
et le "Low-tech" sont-ils de deux façons d'appréhender notre manière de
vivre? Faut-il choisir son camp? Faut-il d’ailleurs inéluctablement
compartimenter nos modes de fonctionnement, classifier et étiqueter ce
que nous sommes selon ce que nous employons comme forme de
fonctionnement?
Cette performance tente de démontrer
que non seulement ces deux univers peuvent co-exister, mais ils peuvent
se fondre en un mouvement enrichit de l'un et de l'autre en
décloisonnant l'un et l'autre par cette inter-relation physique et
créative.
Sous-démarche :
C'est
une sorte de métissage artistique basé sur l'interactivité de deux
formes d'art complètement différentes de prime abord, mais qui sont
fondamentalement jumelles dans leur processus créatif. La musique, tout
comme la peinture, se travaille par couches successives et par la mise
en place dans un espace, qu'il soit bi ou multi-dimensionnel, d'éléments
distincts qui forment un ensemble dans une recherche constante
d'équilibre.
Habituellement,
un peintre tente de commencer, modeler et finaliser une image, or ici,
il se peut que cette dernière change radicalement durant le processus.
Il en est de même pour le musicien qui d'ordinaire tente de structurer
et composer une pièce selon des préceptes identifiables.
Mais
ici, dans le cadre de cette performance, il y a une part d'inconnu dans
ce qui va se passer durant le processus. L'empirisme même de
l'expérience peut générer des surprises, autant du point de vue du
peintre que du musicien. C'est un décloisonnement du modus operandi
artistique individuel qui oblige chaque artiste à explorer et découvrir son art appliqué sur une toute autre forme créative. Cela va au-delà
de la simple performance d'improvisation où d'ordinaire on se base sur
ses outils, son expérience et ses références premières afin de, malgré
tout, contrôler la situation. Ici, les deux artistes devront se laisser
aller et se libérer de leurs réflexes créatifs. La part de risque est
plus grande.
Technique :
À l’endos de la toile se trouvent des capteurs, des micros. Le peintre
crée une œuvre. Se faisant, les micros captent le passage du pinceau
sur la toile et les vibrations du canevas selon l'intensité de la
pulsion créative. Les premiers sons ainsi générés sont récupérés par le
musicien qui les module, les transforme et les organise en séquences
afin de former une trame sonore de fond qui lui servira à son tour de
canevas virtuel pour créer une oeuvre musicale. En réciprocité, la
composition musicale va directement influencer la composition
picturale. Il se créer alors une sorte d'effet rétroactif de Larsen
(feedback). On ne sait plus qui influence qui. Les deux oeuvres se
bâtissent par rapport à l'autre pour n'en former qu'une le temps de la
performance.
On tente ainsi de créer une osmose parfaite entre
les deux arts et les deux artistes. L’un n’est plus seulement musicien,
puisqu’il influence directement le geste du peintre. L’autre n’est
plus seulement peintre, puisqu’il génère des sons et des séquences.